La littérature africaine LC 2 Mme. Ferraoun
Préambule
TD1/ La littérature africaine remonte à la plus haute Antiquité avec les écrits de l'Égypte antique. Les épopées, les histoires et les contes traditionnels témoignent d'une importante tradition orale répandue à travers le continent, tandis que le patrimoine littéraire écrit se développe considérablement au xxe siècle. Les langues anglaise, française et portugaise, héritées de la colonisation, ou la langue arabe répandue en Afrique du Nord, sont couramment employées par les écrivains africains, mais la littérature écrite en langue africaine s'affirme peu à peu.
La littérature de l'Égypte antique s'écrit en égyptien ancien pendant plusieurs siècles, de l'époque pharaonique jusqu'à la fin de la domination romaine. Aujourd'hui, cette langue survit avec la langue copte, qui est restée la langue liturgique de l'Église copte. Ainsi, la littérature égyptophone d'Afrique du Nord est-elle, avec la littérature sumérienne de Mésopotamie, la plus ancienne du monde. On retrouve ses traces dans les hiéroglyphes dessinés sur des murs et des rouleaux de papyrus. Le livre des morts écrit sur du papyrus, recouvert de formules funéraires, et placé à proximité de la momie, raconte le voyage du défunt égyptien dans la barque du dieu soleil Rê.
La littérature phénicienne, grecque et latine
La civilisation carthaginoise fut un grand empire à l’emplacement de la Tunisie actuelle. Sa littérature disparait après les guerres puniques, avec la destruction des bibliothèques de Carthage. Cette littérature s'écrivait en phénicien et en grec ancien.
Après les guerres puniques, Rome est le pouvoir principal en Afrique du Nord. L'Afrique romaine produit de nombreuses œuvres littéraires en latin.
Pendant le Moyen Âge, les universités musulmanes collectionnent, protègent et traduisent en arabe de nombreux textes grecs et latins. Sans cette préservation en Afrique, puis la transmission, il est probable que plusieurs œuvres auraient disparu.
Le touareg, l'une des plus anciennes écritures de l'Afrique, est une langue berbère du Sahara. Il s'écrit avec l'alphabet tifinagh depuis le iiie siècle av. J.-C. Cette langue utilise aussi l'abjad arabe depuis l'époque médiévale et l'alphabet latin. Elle est aujourd'hui officielle au Mali et au Niger. Il existe plusieurs langues berbères ; , chleuh, kabyle, rifain, chaoui, chenoui et d'autres. Elles se répandent principalement au Maroc, en Algérie, au Mali et au Niger.
Avec la conquête musulmane d'Égypte et du Maghreb à partir des années 600, il y a eu une diffusion massive de la langue arabe en Afrique du nord. Les centres de scolarisation les plus importants sont, à l'époque, au Caire et à l’Alexandrie, en Égypte, ainsi qu'à Tombouctou au Mali, où se trouve l'ancienne université.
Parmi les écrivains d'expression arabe, les plus célèbres sont l'explorateur médiéval berbère Ibn Battûta et l'historien Ibn Khaldun. Pour l'époque contemporaine, Naguib Mahfouz, d'expression arabe, reçoit le prix Nobel de littérature en 1988.
Littérateur africaine noire
1/ La littérature orale
En Afrique, la littérature est souvent orale et transmise par les griots. Le récit est souvent accompagné de musique. Les griots suivent une formation spécialisée et parlent des dialectes différents.
Cette littérature orale est en prose ou sous forme de poésie. La prose est souvent mythologique ou historique dans son contenu. La poésie, souvent chantée, prend la forme de l'épopée narrative sur le travail ou l’amour. Cette culture orale trouve des prolongements dans l'écrit. L’un des fondateurs de la négritude, Léopold Sédar Senghor, se déclare explicitement inspiré par la poésie orale de son pays.
TD 2 : La littérature écrite
La naissance d’une littérature africaine au sens « classique » du terme est généralement datée de l’entre-deux-guerres. Avant cela, l'Afrique est d'abord sujet de récits de voyage et d'exploration au xixe siècle, puis du roman colonial lequel connaîtra son apogée entre les années 1920 et 1940, ce qui se superpose donc, en terme temporel, avec les débuts de la littérature écrite par les Africains.
Cette littérature est souvent découpée entre une période « coloniale » et une période « post-indépendance » car nombre des ouvrages sont inspirés par les réalités de l'époque, produisant d'abord des ouvrages critiques du colonialisme puis des œuvres dénonçant les régimes africains autoritaires.
En 1921, René Maran reçoit le prix Goncourt pour son roman Batouala. le roman est un « sévère réquisitoire » contre les abus de la colonisation mais aussi une peinture des « vices » africains. Son écriture comporte de nombreuses innovations et originalités. Il est considéré comme précurseur de la négritude.
Ces tendances ne sont évidemment pas totalement homogènes. L'Enfant noir du Guinéen Camara Laye, paru en 1953, et devenu un classique de la littérature africaine, fait l'objet de vives critiques, précisément parce qu'il ne dénonce pas suffisamment le fait colonial. Pour la période « post-indépendance », Le Devoir de violence, du malien Yambo Ouologuem, paru en 1968 et qui reçoit le prix Renaudot, une première pour un Africain, est lui aussi critiqué pour avoir mis en scène la collaboration africaine au colonialisme; l'auteur est aussi accusé de plagiat.
Quant aux auteurs, « les critiques classent aujourd’hui les écrivains négro-africains en quatre générations :
-les pionniers, essentiellement des poètes (Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, )
- les écrivains des environs des indépendances africaines (C. Laye, , Cheikh Hamidou Kane…Mariama Bâ)
- la génération de 1967 à 1980 (Ahmadou Kourouma)
- la génération d’après 1980, dans laquelle figurent plusieurs femmes (Calixthe Beyala, Amadou Hampâté Bâ et Fatou Diome).
Après la Seconde Guerre mondiale, apparaît le mouvement de la négritude, un courant littéraire et politique, rassemblant des écrivains noirs francophones, dont Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor . Il trouve ses prémices chez Leo Frobenius, ethnologue allemand, qui publie en 1903 un ouvrage, Histoire de la civilisation africaine, décrivant l'Afrique comme un continent hautement civilisé, à l'inverse de l'idéologie coloniale qui considérait apporter la « civilisation » à un monde « sauvage ».
3/ Au-delà de la négritude
Les décennies 1950 et 1960 voient l'essor du roman africain d'expression française avec l'aide des maisons d'édition françaises. C'est l'époque des indépendances politiques et aussi celle d'une nouvelle forme d'écriture. Ahmadou Kourouma, avec Les Soleils des indépendances (1968), est représentatif du courant de la critique des régimes africains, mais il est aussi précurseur d'une écriture moins académique dans sa forme, qui rompt avec la « littérature d'instituteurs ».
Dans les années 1970, les femmes font leur apparition en littérature. Mariama Bâ , avec son roman Une si longue lettre (1979), est l'une des premières représentantes; elles ne quitteront plus la scène littéraire.
Les années 1980 voient l'apparition du roman policier, genre jusqu'alors délaissé et traité comme une sous-littérature en Afrique francophone comme en France. Le polar se montre, au début du xxie siècle, particulièrement dynamique.
À partir des années 1990, la littérature africaine d'expression française se diversifie tant sur le plan thématique que sur celui de l’esthétique et de l’écritur et elle entend explicitement se dégager de son caractère identitaire et revendicatif et aspire à être une littérature se devant de n'être considérée que selon le seul critère de ses qualités intrinsèques. Cette revendication est notamment celle d'écrivains africains ou d'origine africaine, nés ou immigrés en Europe, les « négropolitains » ou « afropolitains » et ceux relevant de la « migritude » qui, à la croisée des cultures, revendiquent de n'être ni purement africains ni totalement occidentalisés.
TD 4/ la littérature francophone africaine
A ses débuts, la littérature africaine suivait essentiellement une tradition orale. C’est seulement à partir des années 1950 que les actuels classiques de la littérature africaine, tels que Camara Laye ou Ferdinand Oyono, commencent à se faire entendre.
Ex : L’Enfant noir est le premier
roman de Camara Laye, publié à Paris en
1953. Considérée comme l'un des textes
fondateurs de la littérature africaine contemporaine. L’auteur nous
raconte son enfance dans le petit village de Kouroussa, situé en Haute-Guinée ;
ses parents sont admirés de tous (son père, forgeron est le chef de sa tribu et
sa maman protectrice est douée de nombreux "pouvoirs"). le petit
garçon est confronté à toutes les coutumes du village plus au moins joyeuses.
Toutefois, vient le temps de l'école où l'enfant
noir se plait, travaille beaucoup avec ses amis. Camara se tourne alors
vers d'autres horizons avec, entre autres, la ville de Conakry pour étudier les
métiers techniques et ainsi s'épanouir dans la vie au fil des années. Cet auteur est véritablement touchant et fascinant ; il nous décrit
parfaitement l'atmosphère de son enfance avec une telle intensité que l'on se
retrouve subjugué dans le roman à ses côtés...
Une décennie plus tard, apparaît une littérature profondément marquée par la vague d'indépendance que connaît l'Afrique francophone entre 1956 et 1962.
L'aventure
ambiguë : Cheik Hamidou Kane nous décrit dans ce livre l'atmosphère d'une Afrique des
interrogations après les indépendances. Maintenant que l'Africain est libre,
maintenant qu'il lui est donné la possibilité de se prendre en charge lui-même,
que faut-il faire? Quelle route faut-il prendre?
En effet, étant à cette période une Afrique des
interrogations, c'était en même temps une Afrique des conflits, et beaucoup
plus de conflit de génération. Car la route à suivre est d'une part dictée par
les anciens qui prônent un retour aux sources donc un retour à la tradition,
d'autre part un vent nouveau souffle avec des jeunes venus d'Europe, ayant
appris, étudié des diverses connaissances modernes voudrait faire acquérir à
l'Afrique la culture occidentale ...
C'est le combat que va se fixer notre héros
Samba Diallo, apporter un vent nouveau en Afrique...mais les anciens, eux, ne
pourront nullement se laisser embarquer dans les choses de blancs...
Samba Diallo se lance avec péril dans une
aventure qui 'sévère ambiguë comme peut l'être l'attrait à un métissage
culturel...et cela coûtera à sa vie...
Le soleil des indépendances : L'auteur met en scène Fama Doumbouya, prince du Horodougou, qui a été dépouillé par les mutations socioculturelles, économiques et politiques engendrées par le contact de l’Afrique avec l’Occident. Spolié de son titre de prince sous la colonisation, Fama est contraint à mener une vie de déclassé aigri. Il est réduit à mendier pour gagner sa vie. C’est donc l’échec socioculturel, politique et économique de Fama, et partant celui des pays africains au lendemain des indépendances politiques que présente ce roman. Il y a une lecture de la chute de la féodalité africaine à travers Fama, l’acquisition de nouvelles valeurs et l’inadaptation du personnage à son nouveau milieu. L’auteur fait donc le bilan négatif de l’évolution de la société africaine au fil des ans. Les années 1970 correspondent ensuite à l'émergence d’une littérature lourde de désillusion face aux dictatures des régimes postcoloniaux.
Parallèlement, on voit apparaître les débuts de l'écriture féminine avec notamment Fatou Diome et Aminata.
Impossible de parler de littérature africaine sans mentionner le centenaire ivorien Bernard Dadié. Poète, conteur, romancier et dramaturge, il est l'auteur d'Un nègre à Paris. Auteur incontournable, il était engagé dans le militantisme syndical et politique, ce qui lui a valu d'aller en prison et d'y écrire ses Carnets de prison. Ses œuvres sont toujours étudiées dans les pays francophones, il est une référence de la littérature africaine.
Plus tard au début des années 1990, c'est la quatrième génération qui prend la relève avec entre autres Raharimanana et Sami Tchak. Ces auteurs se proclament écrivains avant d'être noirs, en effet nous avons affaire à une génération transcontinentale, multiculturelle d'auteurs, qui se questionnent sur son identité et son appartenance.
- Course creator, Teacher: Marnia FERRAOUN